USA 3 : New York, New York!

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L’équipage de Spica est très excité à l’approche des iles qui protègent le port de New York, ville qu’on a plusieurs fois visitée et qu’on adore. L’arrivée à New York par la mer passe en effet pour un des plus spectaculaires atterrissages de la planète : nous ne serons pas déçus! De plus, en remontant la côte du sud vers le nord, on a un peu le sentiment de parcourir les hauts lieux de l’histoire des Etats-Unis : le sud sécessionniste, l’immigration new-yorkaise à partir de 1850, Long Island et le “gilded age” des années 20, New-England et l’arrivée des premiers immigrants du Mayflower.

Les 450 milles entre Beaufort et New York sont avalés en 2 nuits, au début par calme plat, puis par un vent de SE très curieux, de l’ordre de 10 à 15 nœuds avec des rafales brutales à 25, sur une eau absolument plate. La côte reste aussi ennuyeuse qu’au sud, rectiligne avec des grandes étendues de sable, basses, qui séparent les marais de l’océan.

Ce n’est qu’en approche finale, le lundi 12 mai au petit matin, que l’on voit apparaître quelques hauteurs, avec la belle forêt qui jouxte Sandy Hook.

Très vite, au matin, le pont Verrazzano sort de la brume, alors qu’on approche du célèbre feu d’Ambrose, qui a servi de marque de parcours à tant de courses transatlantiques (en réalité, une minable tour métallique à peine visible!).

Verrazzano, c’est du sérieux, avec sa portée gigantesque quie relier Staten Island et Brooklyn, et ses deux niveaux de circulation superposés:

 

Il porte le nom de Giovanni da Verrazzano, explorateur mandaté en 1524 par François 1er pour explorer la côte américaine, en prélude à la fondation de Montréal par Cartier en 1535. Lors de ce premier voyage, après avoir atterri en Caroline du Nord en provenance de Madère, il fit la même route que nous, en découvrant au passage Chesapeake, Delaware, le site de New York (qu’il baptisa “Terre d’Angoulême”), Long Island, ce qui deviendra New England, la Nouvelle Angleterre, jusqu’au Maine!

Comme on s’ennuyait un peu à remonter l’embouchure de l’Hudson contre le courant, la VHF nous rappelle à l’ordre : “Spica, Spica, this is US Coast Guards, please call back”. Inutile de dire qu’on a pas tardé à répondre. S’ensuit un questionnaire courtois, mais interminable : qui on est, d’où on vient, où on va, notre état-civil détaillé, ce qu’on transporte, etc, etc…, avec de longues périodes d’interruption, sans doute pour vérifier en ligne. Après presque une heure d’échanges, tout va bien, nous sommes juste invités à signaler notre arrivée à la célèbre CBP (of course), une fois amarrés.

Du coup, on a failli rater la sortie de Manhattan de la brume, derrière la jolie côte de Brooklyn et ses belles maisons.

 

Passé Verrazzano, les choses s’accélèrent. Alors que le plan d’eau en aval du pont était quasi-vide, on arrive dans le vaste bassin de l’Upper Bay, où mouillent en vrac un ensemble hétéroclite de navires : on zigzague entre cargos, dragues, barges avant de se trouver, un peu bouche bée, face à la muraille de Manhattan à droite et à la Statue de la Liberté à gauche.

© JPRL

 

A l’ouest, dans le port de Brooklyn, Queen Mary 2 prépare son départ pour Saint-Nazaire (où il a été construit), où l’attendent les 4 trimarans Ultim, pour la course “the Bridge”.

Cette arrivée est effectivement saisissante, à la fois quant à la beauté du paysage, et par référence à l’histoire américaine. Devenue colonie hollandaise en 1624 (la Nouvelle Amsterdam), elle fut annexée en 1664, sans résistance, au vaste territoire que le roi d’Angleterre avait octroyé au duc d’York, New York était née. Mais son véritable essor date de l’ouverture du canal Erié en 1825, qui assure désormais l’accès aux Grands Lacs par l’Hudson River. (Pour avouer notre inculture sur le sujet, nous avions découvert quelques jours auparavant qu’on pouvait rallier New York à Montréal : nos voisins de ponton de Beaufort, à la tête d’une flotte de catas de location, nous avaient ainsi appris qu’ils font la route Nassau – Montreal 2 fois par an, leur flotte étant louée l’hiver aux Bahamas, l’été sur les Grands Lacs!).

Mais surtout, pour des millions d’immigrants dont près d’un américain sur deux est le descendant, cette vue a été le premier contact avec le rêve américain (pour quelques-uns), la poursuite des galères (pour la majorité) avant d’être débarqués à Ellis Island, derrière la statue, puis embarqués vers leur futur inconnu dans la gare de New Jersey voisine. Ces trois jalons, la Statue, Ellis Island, la gare seront pour la plupart leur seul souvenir de New York.

 

 

Pour l’heure, après une (longue) séance photo en essayant de ne pas trop couper les trajectoires des innombrables ferries chargés de touristes, nous avons hâte de rejoindre Liberty Landing Marina, à Jersey City, rive droite de l’Hudson. Nous avions choisi cette marina malgré son coût astronomique, pour sa situation :

Un ferry part de la marina toutes les 20mn, et nous amène en 1/4 h à Battery Park, au pied du World Trade Center, royal!

© JPRL

 

Et comme on nous faisait remarquer, ça reste beaucoup moins cher que le moindre hôtel à Manhattan, la vue en plus qui, de nuit, est vraiment .admirable. Cette marina a été astucieusement construite dans un canal, aux limites sud de Jersey City, dont le “downtown” est tout proche.Ce canal la protège du clapot infernal qui règne toute la journée dans l’Hudson. Côté sud, un vaste parc, planté de cerisiers, intègre l’ancienne gare, face à Ellis Island et la Statue de la Liberté,.

© JPRL

 

Et surtout, une promenade piétonne a été aménagée au bord de l’eau, face au sud de Manhattan. La vue est fabuleuse, de jour comme, surtout, de nuit. Le calme est parfait. : dès que le dernier ferry a quitté les lieux, on se retrouve tout seuls face à l’un des plus beaux paysages urbains de la planète, étonnant, et nous n’avions pourtant jamais fréquenté ce lieu magique lors de nos séjours new-yorkais!

 

© JPRL

De nuit, quand le ferry ne circule plus, on prend le train dans la nouvelle gare imaginée par Calatrava dans le périmètre du nouveau Trade Center (tout près du mémorial), pour rejoindre Jersey City Downtown, puis la marina à travers les marais.

 

Pour être complet sur les lieux de mouillage, une deuxième marina, appartenant à la chaîne Igy, vient d’ouvrir un peu plus au nord, sans doute moins calme et sans ferry. D’autres marinas existent côté Manhattan, mais beaucoup plus exposées, et difficiles d’accès pour un cata. Et il existe une petite zone de mouillage forain, juste derrière la Statue de la Liberté.

Liliane et Jean-Pierre mettent le sac à bord le lendemain pour une visite express de New York, Moma, Whitney,Chelsea Market, Blue Note, nous révisons les grands classiques avant de filer le jeudi matin.

Jeudi 15, en attendant le courant favorable dans l’East River, nous avons décidé de remonter l’Hudson. Côté Manhattan, rive gauche, on voit parfaitement les deux zones de gratte-ciel, au sud d’une part, autour de Central Park au nord, séparées par la zone basse allant de Greenwich – Chelsea à Lower East Side. On visualise parfaitement les “canyons” que constituent les rues orientées Est – Ouest.

On a tout le temps de se régaler des immeubles en bordure d’eau, qu’on voit difficilement habituellement. On ne se lasse pas de ce panorama urbain extraordinaire. En dehors des grands classiques, une sorte de cône percé d’un trapèze (architecte danois Bjarke Ingels) fait l’unanimité à bord.

 

© JPRL

 

Dès le niveau de Central Park, le bord de l’eau n’est qu’un immense parc, tout au long de l’université Columbia, jusqu’au pont suivant et au parc des Cloisters. Côté rive droite, Jersey City laisse vite la place à une zone résidentielle, huppée sans doute, puis à une forêt bordée de falaises.

Au final, nous sommes surpris de découvrir, sur ces quelques 10 milles de remontée de l’Hudson, autant de nature presque sauvage, à deux pas de Manahattan.

Nous faisons demi-tour après le pont George Washington, face aux Cloisters, que nous avions visités de terre il y a quelques années. De la rivière, on ne voit que les clochers de ces cloîtres, déplacés des abbayes St Guilhem le Désert et de St Michel de Cuxa par un collectionneur, au 19ième, puis rachetés par Rockefeller et confiés ensuite au MET.

 

Un dernier tour devant Lady Liberty…

 

…, et nous embouquons à mi-marée montante East River, sous Brooklyn Bridge.

Le courant de marée atteint les 5 noeuds dans la partie la plus rétrécie, baptisée Hell’s Gate, la porte de l’enfer!. Comme nous visons le flot à cet endroit, le flux est plus faible, ce qui nous laisse le temps d’admirer le paysage qui défile. A babord le côté est de Manhattan à contrejour, avec entre mille, la coupole du Chrysler, un beau bâtiment tout de guingois…

 

… le siège de l’ONU auquel ont contribué Niemeyer et Le Corbusier, qu’on peut enfin voir en entier.

 

Sur tribord, c’est moins réjouissant, avec les friches industrielles du nord de Brooklyn. Nous passons à l’ouest de Roosevelt Island, desservie par un téléphérique, le bras est étant coupé par un pont trop bas pour Spica.

Après Hell’s Gate, c’est la fin de la zone urbanisée. Nous longeons la prison de Riker’s Island célèbre en France pour avoir reçu la visite de DSK. Lui faisant face, étonnant, une barge a été transformée en centre pénitentiaire!

L’aéroport de La Guardia marque le début du sound de Long Island, et la transition brutale vers la campagne, les beaux mouillages bordés des manoirs des riches New Yorkais, datant pour la plupart du “Gilded Age”, l’âge d’or baptisé ainsi par Mark Twain, et dont les excès ont été si bien décrits par Fitzgerald dans “the Great Gatsby”. Il ne nous aura fallu que 3 heures pour passer du cœur de Manhattan au mouillage totalement bucolique de Manhasset Bay, ce pays est vraiment surprenant!

 

3 Responses

  1. Louis-Bernard

    Chers amis,
    Merci pour cette visite des grands canyons new-yorkais et de la campagne alentour avec vos commentaires historiques, géographiques, socio-politiques illustrés…
    Vraiment un beau voyage et de nombreuses découvertes du nouveau monde qu’aucune agence ne peut vous offrir…
    Amities fidèles… avec de nombreux regrets !
    Louis-Bernard

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