Marquises 3/4 : Nuku Hiva, Ua Pou

Classé dans : Pacifique, Polynésie | 3

Ua Huka

Partis au lever du jour de la côte nord de Hiva Oa, nous rejoignons l’île de Ua Huka, la plus à l’est du groupe nord des Marquises. Sous gennaker par 15 à 20 nœuds de vent de travers, on avale les 55 milles jusqu’à la côte sud.

De Ua Huka, on ne pourra voir que la côte, car la houle nous empêche de mouiller, et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé! L’île est désertique, avec très peu de végétation, paysage volcanique désolé et inhospitalier.

La première anse, Hane, est repérée par un énorme rocher triangulaire.

Cette baie est très large et mal protégée par le rocher, la houle brise copieusement sur le rivage, interdisant tout débarquement à terre, et garantissant une nuit à rouler. Premier échec.

On poursuit vers la “Baie invisible”, en face du village principal, Vaipahee. Cette baie est tellement étroite entre les hautes falaises verticales qu’on ne la distingue que juste en face. L’approche nous plait moyennement, mais on tente malgré tout, en espérant du mieux à l’intérieur.

Très vite, on déchante. Le fond de la baie est occupé par des petits bateaux au mouillage restreignant l’évitage. La seule zone jouable est située un peu avant, entre les murailles du chenal d’entrée qui réfléchissent la houle, créant une gigantesque lessiveuse.

De part et d’autre, des bollards blancs ont été installés pour amarrer l’Aranui. On se demande comment il peut manoeuvrer dans ce goulet et rester collé au rocher par cette houle! Outre l’inconfort, nous craignons de rester piégés dans cette nasse si la houle vient à s’amplifier. Demi-tour sur place et sortie plein pot, deuxième échec.

Vers l’est, le paysage est de plus en plus beau. A terre, les restes des volcans sont restés à l’état brut.

Après avoir contourné les deux ilots Hemeni tout rouge et Teuaua en forme d’immense table survolée de centaines d’oiseaux, on approche de la baie Haavei, plus à l’ouest.

Le mouillage se situe devant une magnifique cocoteraie qui ressemble à une oasis au milieu des volcans.

C’est le moins mauvais des mouillages, mais des trains de houle puissants contournent les 2 ilots de façon aléatoire, la nuit s’annonce inconfortable. Troisième échec.

Il est 15 heures, le soleil se couche dans 3 heures, et l’île de Nuku Hiva est distante de 30 milles. Nous nous étions préparés à devoir repartir de Ua Huka, en repérant par précaution une belle baie bien accessible de nuit au nord de Nuku Hiva. La décision d’assumer ce 3ième échec est donc rapidement prise, la perspective d’une belle nav de nuit au portant, après un beau coucher de soleil, a vite fait d’emporter l’adhésion de l’équipage.

Cap sur Anaho, profonde échancrure accore, qui nous a paru abordable de nuit. 3 heures après, on s’enfonce à vitesse très réduite dans la baie parfaitement calme d’Anaho, guidés par la cartographie et le radar, avec les coups de stress habituels à ce genre de situation (dis, les feux devant, ce sont des bateaux, ou un village au loin?). Le mouillage descend à 21 heures, et on savoure cette soirée si calme. Ce n’est rien à côté du spectacle qui nous attend le lendemain matin:

Nuku Hiva

Le matin on découvre le paysage de cette baie sauvage d’Anaho, bordée d’une plage de sable blanc, avec une série de crêtes et de pics acérés en arrière-plan.

On part se dégourdir les jambes vers l’est, par une petite rando de 2 heures vers la baie d’Haatuatua. Un petit col sépare les deux baies, au pied de la chaine orientée est-ouest.

En redescendant, on découvre une vue étendue vers l’est.

Le chemin, mal tracé, descend vers une plantation.

Un peu perdus, on demande notre chemin à la propriétaire, qui nous explique qu’elle cultive principalement des fruits (citrons et nonis) et des légumes (poivrons, aubergines).

Nonis

La cargaison est amenée le jeudi soir à dos de cheval jusqu’au village voisin d’Hatiheu, car il n’y a pas de route entre les deux. Un pick-up prend le relai pour rejoindre le marché de Taiohae, sur la côte sud, qui ouvre dès 4h le lendemain matin. Les citrons finiront en mojitos dans les hôtels de luxe de Bora – Bora, où ils seront revendus 10 fois plus cher! Elle nous met en garde contre la présence de nonos blancs sur la plage : ces petites mouches de sable, à peine visibles, laissent des boufioles très douloureuses. A la première attaque, on fait effectivement demi-tour, malgré la beauté de la baie!

C’est dans la baie d’Anaho que Stevenson vint soigner sa tuberculose et fit des observations sur la population et le rôle délétère des missionnaires catholiques (que sa position d’écossais protestant ne contribuait probablement pas à atténuer).

La baie d’Anaho est une des rares des Marquises à être bordée de corail, une séance de snorkeling s’impose. Les coraux sont quelconques, et l’eau est trouble, ce qui n’est jamais très rassurant. On y voit malgré tout plein de gros poissons colorés et surtout d’énormes perroquets. On apprendra plus tard que leur taille vient de l’absence de pêche, pour cause de ciguatera.

On repart dans la baie voisine d’Hatiheu, en longeant un paysage inouï.

Par le travers de la pointe Temoe, le village d’Hatiheu apparaît au fond de la vallée.

Sur la droite, nous sommes surplombés par d’extraordinaires falaises basaltiques de 300 mètres de haut, déchiquetées.

En haut de celle de gauche, des missionnaires alpinistes ont érigé une vierge en 1872!

Nous mouillons en plein milieu, à la limite de la ligne des 12m, sur fond de vase.

Nous avons une double chance : avoir ce lieu magique pour nous tous seuls, et n’avoir qu’un léger ressac au mouillage. En effet, cette baie reste très ouverte, et dès que le vent tourne un tant soit peu nord, la houle rend le mouillage inconfortable, voire intenable.

Le village, particulièrement typique, occupe tout le fond de la baie.

Nous descendons vite à terre vers le village, pour profiter des dernières heures de jour. Ça prend du temps, on ne se lasse pas des perspectives vers le mouillage.

Devant la mairie ont lieu les répétitions des danses pour le Heiva. Une curieuse église occupe tout le centre du village.

Visite le lendemain matin au site archéologique Tahakia-Kamuihei-Teiipoka, très étendu qui témoigne de la densité des populations indigènes avant l’arrivée des colons. Les fouilles ont été réalisées il y a une vingtaine d’années par des archéologues européens, et ont permis d’extraire de la végétation les vestiges détruits par les missionnaires. On distingue les tohua, grandes esplanades, équivalents de places publiques, les pae pae, plate-formes en pierres sur lesquels étaient construites les maisons, et les meae en basalte pour les cultes religieux, ornés de quelques tikis sans doute plus récents.

Sous un immense banian, de beaux pétroglyphes émergent ça et là de la végétation.

En rentrant, c’est l’heure de la sortie du boulot, le cheval rapporte sa cargaison de coprah de la matinée, qui va être étendue sur le séchoir.

A midi, on a réservé chez Yvonne, restaurant réputé. Yvonne nous propose de la langouste, apparemment pêchée dans la nuit pour nous. Elle vient s’asseoir à notre table à la fin du déjeuner.

C’est une personnalité hors du commun : maire déléguée du village (Nuku Hiva est une seule commune), c’est sous son impulsion que les fouilles ont été réalisées, il y a une vingtaine d’années et que tout le nord a été protégé de projets immobiliers hasardeux. Elle nous confie les clés de la salle patrimoniale où sont exposés les objets des fouilles.

C’est en fait un vrai musée passionnant sur l’histoire et la culture marquisienne. En particulier toute la symbolique du tatouage est expliquée, avec les témoignages des premiers explorateurs, amoureux du peuple marquisien avant le déferlement et les destructions des missionnaires (on n’a, par exemple, retrouvé qu’un seul peigne à tatouer, qui est exposé au musée).

L’équipage repart avec un énorme sac de mangues venant du manguier greffé d’Yvonne, à la texture incomparable.

En résumé, aux Marquises, on pense avoir atteint le plus beau … jusqu’au mouillage suivant.

L’exploration de Nuku Hiva se poursuit par la baie du Contrôleur, au sud-est. On la rejoint en longeant de très près la côte est et ses murailles impressionnantes parfaitement accores.

Au sud du cap Martin qu’on contourne pour remonter vers le nord, on évite au dernier moment un rocher affleurant extrêmement dangereux, tête d’épingle sur la carte, Tehootekea, qui ne se distingue, à cette heure de la marée, que par des remous entre 2 trains de houle.

Petit rappel sans conséquences : malgré l’apparente facilité de la navigation, il faut rester concentré, et une simple inattention peut avoir de très lourdes conséquences aussi loin de tout!

La baie du Contrôleur est un profond estuaire, formé de 3 petites anses, dont celle du village de Taipivai au centre. Au fond, une petite plage et une rivière à son extrémité est, que l’on remonte en annexe jusqu’au village, après avoir franchi en annexe une barre qui nous mouillera copieusement au retour.

La rivière mène à un quai, où les consignes d’amarrages sont claires, n’est-ce pas?

Entre deux averses, on remonte ce gros bourg, pris par la main par une gamine d’une dizaine d’années qui nous fait l’article en nous bombardant de questions. Les cannibales qui n’avaient pas eu la peau d’Herman Melville en 1842, déserteur d’un baleinier, se sont transformés en villageois tranquilles. Ce samedi soir ce sera la fête au village pour les d’jeuns.

Le lendemain nous rejoignons enfin la capitale Taioha, qui s’étire autour d’une immense rade en arc de cercle, dont l’entrée est marquée par deux rochers sentinelles de part et d’autre. Au fond le village est dominé par les reliefs boisés, étagés en plusieurs paliers et dominés par le mont Muake. Quel paysage!

C’est une ancienne caldeira effondrée. Sur la droite de l’anse, se dresse la statue colossale du Tiki Tuhiva sur une colline, érigée sur l’emplacement de l’ancien fort Collet. C’est une statue moderne construite en 2017, censée rendre hommage aux combattants marquisiens (bon, on préfère les tikis originaux).

Le mouillage est très vaste, avec de nombreux bateaux sur leur ancre. Ça roule un peu car il n’y a aucune protection du large. Le débarquement se fait dans un petit port aménagé pour les annexes et les petits bateaux. Sur le quai, des baraques avec un internet anémique et de la restauration rapide où on peut boire de délicieux jus de pamplemousse.

Les équipages papotent. Juste à côté un petit marché où il faut arriver tôt mais qui propose de beaux fruits venus directement des propriétés du nord de l’île. Un peu plus loin, la maison de l’artisanat expose de très beaux objets venus de toutes les îles des Marquises.

La rue principale longe la baie. Au bout, une belle esplanade appelée Temehea abrite des sculptures modernes traditionnelles.

La cathédrale en retrait, de construction récente, est un mélange d’art marquisien avec ses murs en galets venus de chacune des îles.

Mais contrairement aux autres îles, le bourg est complètement endormi, les restaurants sont presque tous fermés, ce qui est curieux en ce mois de juillet, où les autres îles fêtent le Heiva.

Le bourg montre tous les attributs d’une capitale avec ses bâtiments officiels et un gros hôpital. Mais nous ne pourrons pas faire la clearance de sortie pour les filles qui repartent par avion ce samedi, l’officier de garde, pour une fois fort peu aimable, ne daignant pas suspendre la tonte de sa pelouse, grrr.

Petite visite à un sculpteur qui travaille un très grand plat en bois : il nous montre ses gouges qui viennent d’un peu partout dans le monde. Les pièces qu’il sculpte sont trop volumineuses pour nous. C’est dommage, son travail est très fin et très inspiré.

Le soir, pour fêter le départ des filles, nous cassons la tirelire et dinons a l’hôtel Keikahanui Pearl Loge, au bord de la piscine : non seulement le dîner est délicieux, le service irréprochable et le cadre somptueux, mais l’hôtel présente dans dans ses vitrines une très belle sélection d’objets artisanaux de toutes les Marquises pour lesquels on craque évidemment.

Le lendemain, les routes de l’équipage se séparent, bon courage à celles qui vont rentrer travailler en France après de si longues années passées sur leur caillou!

Ua Pou

Nous voilà repartis tous les deux pour 24 milles jusqu’à Ua Pou, sous des grains et un vent irrégulier.

Le vent nous abandonne avant l’arrivée à la baie d’Hakahetau, au nord-ouest de l’île, que nous avions identifiée comme moins mauvais mouillage à Ua Pou. C’est une minuscule anse où trois monocoques roulent copieusement, pas terrible. Les reliefs sont masqués par les nuages.

Le lendemain matin le ciel se dégage par moments et l’on peut admirer les pitons qui hérissent le paysage.

Une digue a été construite il y a un ou deux ans, pour permettre à l’Aranui de débarquer ses passagers. En prenant le sentier littoral, on comprend mieux la faible protection de la houle que procure la bande de roches qui ferme très partiellement le mouillage, au premier plan.

Le village est superbe, extrêmement fleuri avec des bougainvillées arborescents de toutes les couleurs.

Les habitants s’affairent en ce début de semaine. C’est sur cette île qu’aura lieu le Festival des arts des Marquises en décembre prochain, et la préparation s’étale sur plusieurs mois. Le village est en bordure d’un gros ruisseau et de nombreuses balades sont organisées, à pied ou à cheval, dans le parc patrimonial de Hakahetua, la “baie où l’eau se pose”.

Une flore et une faune endémique se sont développés ici. Quel dommage de ne pas pouvoir rester pour visiter cette île dont la géologie est spécifique, avec des pierres fleuries dont on fait des bijoux et des objets d’art.

Tout en pensant au programme 2020, on se console en longeant la côte ouest vers le sud.

Passé le cap Punahu, c’est un festival de pains de sucre, de falaises abruptes et de minuscules baies sous les falaises.

Impossible de résister au plaisir de mouiller un moment dans la baie Hakaotu, où on aurait bien passé la nuit. De chaque côté, un piton, au fond une plage de galets, juste l’évitage pour un seul bateau, nous…

Et ça continue jusqu’à l’extrême sud…

… pour se terminer par l’étrange Motu Oa.

Accompagnés par un banc de dauphins, il est temps d’entamer une dernière nav de nuit jusquà Tahuata, puis Hiva Oa, où Spica va nous attendre jusqu’à la saison 2020.

Annexe : histoire condensée des Marquises

Le peuplement des Marquises a longtemps été une énigme et de nombreuses hypothèses ont été formulées. Certains ont souligné la similitude entre des statues trouvées au Chili, voire celles de l’Ile de Paques et les tikis marquisiens, pour justifier l’hypothèse d’une immigration depuis l’Amérique du Sud. En 1947, le norvégien Thor Heyerdhal prouva qu’on pouvait rallier les Tuamotu depuis le Pérou sur un simple radeau, le Kon-Tiki, sans pour autant convaincre de la validité de son hypothèse. Il est maintenant scientifiquement admis que les premiers habitants sont arrivés de l’ouest, depuis l’Asie du sud-est à travers la Mélanésie, les Tonga et les Samoa. Des vagues successives de migrants ont peuplé les îles de 900 à 1100. Ils apportent avec eux des animaux domestiques, chiens, cochons, poulets et leurs savoir-faire agricole. Sur place ils trouvent du poisson en quantité, des tortues et se nourrissent d’oiseaux de terre et de mer, mais l’absence de barrière de corail rend la vie difficile.

A partir de 1100  ils se sédentarisent, construisent des villages dans les vallées : au centre le tohua, esplanade pavée où se déroulent les cérémonies rituelles et les festivités. Les habitations, paepae, sont construites sur des plateformes plus petites. Ils fabriquent des herminettes à partir de la roche basaltique de l’île d’Eiao au nord de l’archipel.

La période de 1400 à 1600 est une période d’abondance. Ils cultivent le taro et l’arbre à pain. Les chèvres et les porcs leur apportent à la fois nourriture et objets ornementaux, sculptés à partir des os et des dents.  Ils développent leur art de la sculpture sur pierre, bois et os. Ils sont chasseurs, pêcheurs, cultivateurs et sculpteurs. Le tatouage devient un art à part entière, reflétant la classe sociale des individus. Les échanges avec les îles lointaines diminuent. Cette période faste dure jusqu’au 17ème siècle où des phénomènes climatiques de sècheresse alternant avec de fortes pluies impactent l’agriculture et la pêche. Parallèlement les villages s’affrontent en guerres tribales où le cannibalisme fait partie des rites.

Les occidentaux découvrent ses îles isolées très tardivement et ne s’y intéressent pas au début. En 1595, le premier d’entre eux est l’espagnol Alvaro de Mendana, parti du Pérou à la recherche de la Terra Australis Incognita : il tombe par hasard sur Fatu Hiva et les autres îles sud de l’archipel. En l’honneur du vice-roi du Pérou qui a financé son expédition, le marquis de Canete, il nomme les îles “Las Marquesas”. Mais ne trouvant ni or ni épices, il abandonne les îles. Près de 2 siècles après, en 1774, James Cook, au cours de son deuxième voyage, fait escale à Tahuata. Le groupe nord des Marquises n’est découvert que près de 20 ans plus tard, en 1791 par l’américain Ingraham, et quelques mois après par le français Etienne Marchand. En 1797, l’anglais William Crook tente sans succès une évangélisation protestante pour le compte de la London Missionary Society. En 1804 l’amiral russe Krusenstern conduit une mission scientifique et commerciale. Et en 1813 l’américain Porter installe une base navale. Mais l’éloignement de l’archipel a raison de toutes ces tentatives de colonisation.

C’est alors au début du 19ème siècle que les îles Marquises intéressent les pilleurs de bois de santals et les baleiniers qui viennent se ravitailler. Ils amènent avec eux les maladies, l’alcool et les armes à feu.

Mais dans le contexte géopolitique de confrontation France-Angleterre, la situation des Marquises commence à intéresser les politiques et en 1842 (après un voyage de reconnaissance en 1838), le contre-amiral Abel Dupetit-Thouars prend possession de Tahuata et des autres îles de l’archipel au nom du roi Louis-Philippe. L’intérêt des militaires est de courte durée et ils se replient sur Tahiti pour des raisons stratégiques. Ils laissent alors la gestion des Marquises aux missionnaires catholiques.

C’est cette décision qui va entraîner le déclin dramatique de la civilisation marquisienne, à la fois par l’introduction de maladies, mais surtout par l’interdiction, par les missionnaires, de toute manifestation de culture marquisienne.  La population chute drastiquement de 18000 en 1842 à près de 2000 habitants en 1926. Les observations des voyageurs, tel Stevenson et plus tard Paul Gauguin qui s’installe à Hiva Oa, et même le navigateur solitaire Alain Gerbault,  décrivent une population malade, apathique, privée de sa culture. Le déclin démographique s’interrompt sous l’impulsion de Louis Rollin, médecin en poste de 1923 à 1930, qui prend des mesures sanitaires et contribue à sauver le peuple marquisien de son extinction sinon inéluctable.

La civilisation marquisienne est redécouverte par des anthropologues au tournant du 20ème siècle et les tatouages sont étudiés par le médecin allemand Karl von den Steinen lors de son voyage fin 1897. A partir de ses observations et dessins, il publie un livre plusieurs années après “Die Marquesaner und ihre Kunst”, ouvrage de référence sur les tatouages marquisiens. Quelques années plus tard, l’américaine Willowdean Chatterson Handy visite les Marquises en 1920 et 21 et publie également un livre de référence sur les tatouages. Plus récemment, les archéologues mettent à jour des sites importants sur Nuku Hiva et Hiva Oa : ils dégagent des tohua et des paepae et retrouvent l’histoire ancienne du peuple marquisien par des méthodes modernes de datation carbone.

Actuellement, on assiste à un renouveau de la culture marquisienne, à la fois par la langue à nouveau enseignée, la musique, les danses, la sculpture et le tatouage. Le Festival des Arts des Iles Marquises attire une foule considérable, tous les 4 ans en décembre, à chaque fois sur une île différente (en 2019 : Ua Pou). Les îles s’affrontent dans des compétitions très relevées, après des sélections en juillet, lors du Heiva.

3 Responses

  1. Claire

    Merveilleux voyage qui nous fait toujours rêver et qui nous ravit. Merci à vous deux.

  2. Marchand Jean-Louis

    Félicitations pour ces récits de voyage.
    Pas aussi évidentes, ces îles, que l’imaginaire idyllique des chansons nous le faisait croire. A les regarder plus longuement, les cartes brillent par leurs zones « non cartographiées »
    Vous avez là matière à un beau livre de voyage.
    Vous avez l’air en forme, tous les deux…peut-être quelques années de plus que lorsque nous avons fait votre connaissance en 1990…c’ est effectivement loin Angoulême !
    Bonne continuation
    Jean-Louis

  3. Didier clerc

    Superbe comme tous vos compte rendus de voyage .
    Navigation pas évidente visiblement..
    Merci de nous permettre de “visiter un peu ” par procuration ces endroits sublimes où nous avons renoncé à aller avec Rootsie pur différentes raisons
    Notre programme 2020 est réduit à 4 mois entre La Grande Motte et la Sicile avec probablement vente du bateau.
    Portez vous bien .
    Ps:sacrées photos !
    T’as pensé à faire un bouquin ?

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