Tuamotu : Fakarava

Classé dans : Pacifique, Polynésie | 9

Fakarava (Faka pour les intimes), c’est le royaume du monde sous-marin, comme en atteste le beau mural peint sur la station-service.

Depuis 2 ans, on attend de retrouver Cécile et Claire à Fakarava pour effacer leur semaine complète de mauvais temps par coup de mara’amu en 2019. Petite nav de nuit de 90 milles depuis Tahanea et on aborde la passe nord, Garuae, au lever du soleil, juste à l’étale, par mer plate. Rendez-vous improbable mais réussi au jour et à l’heure dite, devant la petite église du village, Rotoava.

Fakarava est le deuxième plus grand atoll des Tuamotu après Rangiroa, 32 x 15 milles, orienté nord-ouest/sud-est. Il communique avec l’océan par deux passes, Garuae au nord, très large où peuvent entrer des paquebots et Tumekoha au sud, plus étroite. Fakarava est mondialement connu pour ses plongées au milieu des requins, surtout depuis les films de Laurent Ballesta, (https://www.youtube.com/watch?v=_QcR_zZkJFw) montrant des murs de requins dans la passe sud. La majorité de l’atoll n’est pas cartographiée, et toute la moitié sud est devenue une réserve naturelle où le mouillage est interdit, ce qui ne facilite pas les choses quand la météo se met en vrac.

Vu du lagon, Rotoava, village de 800 âmes, a un très joli front de mer, avec des toits émergeant des filaos et des cocotiers, et ses barques suspendues au dessus de l’eau.

A terre le village est sans charme, en dehors de sa jolie église décorée de coquillages.

Le temps très calme nous permet d’amarrer Spica à quai, pour la première fois depuis Panama!

Ce quai imposant est prolongé d’un bassin où l’on peut facilement débarquer en annexe. La station service au-dessus est bien placée pour faire le plein de diesel et les courses de frais en restant à quai, à condition de maîtriser la conduite du caddy sur le sable.

Elle fait aussi épicerie mais le ravitaillement en frais est pauvre, comme dans les deux autres magasins. Il semblerait qu’une ferme se soit installée et vende des légumes “les mardi et vendredi, à 5h30, après le premier virage de la route”, mais on a toujours raté ce genre de rendez-vous.

Le mouillage en face du village a une mauvaise réputation justifiée : profondeur (au moins 12 à 15 m), densité de patates, exposition aux vents autres que de secteur nord à est – sud-est, sans plan B possible. Plusieurs bateaux se sont déjà perdus, et on est sensibilisé par l’échouage d’un Outremer 51 que l’on connaît bien, en juillet 2020, sur un coup de vent de 50 nœuds d’ouest non annoncé, dans des conditions météo proches de celles que nous subissons. En effet, depuis plusieurs jours, nous sommes dans une zone que les météorologues appellent “zone de cisaillement”. Techniquement, c’est un déplacement de la zone de convergence du Pacifique sud, une sorte de mini pot-au-noir orienté du nord-ouest au sud-est, et qui en l’occurrence s’étend de Tikehau aux Gambier. Au dessus, l’alizé est orienté nord-est. Au dessous, sud-est. Entre les 2, la météo annonce peu de vent (typiquement : variable 5 à 10 noeuds). Il faut vraiment s’en méfier, car tout est possible, en force et en direction, au gré de la force de la convergence, qui se manifeste par l’apparition soudaine de nuages très locaux de toutes formes, avec ou sans pluie, avec ou sans vent. Nous aurons l’occasion d’en faire l’expérience, heureusement en mer entre Apataki et Rangiroa, avec plus de 35 noeuds établis (et rafales bien au-dessus) de sud-est, pour 5 à 10 nds de nord-est annoncés. Il suffit qu’on se trouve légèrement au-dessus ou au-dessous de la zone pour avoir des conditions de grand beau temps, et que l’équipage trouve le skipper totalement parano.

Le programme des filles est centré sur la plongée et le kite. Les opérateurs des clubs viennent les chercher à bord, pratique. A la passe nord elles plongent avec Taina Plongée, beaucoup moins cher que les autres clubs et très pro. Elles reviennent tout excitées d’avoir croisé un requin marteau qui faisait fuir tout un ban de requins gris, puis une raie manta gigantesque nageant majestueusement juste au dessus d’elles.

La passe sud est distante de 30 milles. Des deux chenaux partiellement balisés qui y mènent, celui de l’est rase la côte, avec des paysages et des couleurs uniques (photos garanties non retouchées!), à l’aller par vent soutenu, comme au retour dans le petit temps. Comme on est au près à tirer des bords, on sort largement du chenal, et la vigie-patates s’impose, d’autant que la carto SHOM du sud se révèle imprécise, avec un haut-fond affleurant pile dans l’axe du chenal (après la bifurcation vers la passe).

Hirifa est au bout des 30 milles, plage de sable rose sous les cocotiers.

A terre, Junior et Sarah tiennent une paillote sympathique, repas aléatoire selon la fréquentation. A la pointe, un espace aménagé avec des slacks tendues entre les cocotiers, des hamacs, des tables et des bancs.

C’est le lieu de rassemblement de la petite communauté de bateaux qui sont au mouillage : charters de plongée, école de kite et bateaux de passage. Une longue baie peu profonde fait de la pointe une presqu’ile. De l’autre côté on peu rejoindre le récif à travers un champ de corail moyennement accueillant.

Cécile a réservé deux plongées à la passe sud, avec option snorkeling pour nous. Un gros semi-rigide vient nous chercher au bateau. Il nous dépose au village de Tetamanu, ancienne capitale des Tuamotu peuplée de plusieurs milliers d’habitants. Il n’en reste que des ruines, seule l’église et le tracé rectiligne des rues ont été conservés.

Une pension héberge les plongeurs (cher et pas terrible, paraît-il).

Le snorkeling dans la passe, à marée montante, est fantastique par la diversité de poissons et de requins.

En plongée, le mur de requins est bien présent.

A Hirifa, Adrien a créé une école de kite sur son bateau (http://www.kitetuamotu.com/). Il propose des cours et la location d’un excellent matériel en assurant la sécurité : un peu cher mais très pro.

Voile jaune, Cécile, voile bleue, Claire.

Durant notre séjour, 2 alertes météo nous font déménager.

La première fois, on décide de quitter Fakarava pour aller à l’anse Amyot, sur l’atoll de Toau, distante de 40 milles (on y consacrera un post). Au départ à 7 heures du matin, gros coup de stress : la chaine est prise dans le corail et, dans nos essais pour s’en détacher, la surcharge fait sauter le fusible du guindeau. On finit par remonter l’ancre à la main et Michel change le fusible du guindeau, après un double miracle : en avoir un à bord, et le retrouver.

La deuxième fois, le vent semblant s’installer au NW on choisit de mouiller à l’entrée du lagon, à côté de la passe nord. Sur la photo satellite, on voit très bien un récif en fer à cheval affleurant qui protège de la mer. Par contre rien sur la carto, sinon des haut-fonds. On mouille en même temps qu’un motoryacht de 68 mètres bien dessiné. Un hélicoptère et un voilier sont posés sur son pont supérieur.

On s’amuse beaucoup à observer l’équipage sortir les jouets et faire des allers-retours à la plage. Beaucoup moins le lendemain matin, réveillés dès 6h par l’hélico qui décolle et atterrit à plusieurs reprises, en faisant du rase-mottes su dessus de Spica. Michel ne se démonte pas et appelle à la VHF pour se plaindre des nuisances et en appeler à plus de courtoisie entre voisins. Eh bien incroyable, le lord écossais propriétaire du bateau nous envoie ses représentants qui viennent platement s’excuser. Ces excuses s’accompagnent de 6 bouteilles de vins millésimés. Le geste est élégant, et la protestation valait le coup!

Ce mouillage est très beau, bien protégé par l’anneau de corail situé entre la balise et la terre. De là, on peut facilement traverser la presqu’île et avoir accès au récif de la côte nord.

Pour la fin du séjour des filles, on a envisagé deux options : les ramener à Tahiti en bateau ou les laisser à l’aéroport de Fakarava. C’est encore la météo qui décide pour nous : prévision de vent faible ou nul laissant présager des heures et des heures de moteur sous les grains orageux. On va donc trainer dans le lagon en changeant de mouillage.

Mouillage devant le snack du Requin dormeur, avec ses bungalows et sa petite ferme perlière (mais snack bien décevant et accueil moyen).

Puis dernier mouillage à une dizaine de milles à l’est de Rotoava en face d’une pension fermée. Jolie cocoteraie. Petit coin calme. Apéro avec nos voisins, deux jeunes de Tahiti sur un Hunter 36. On laisse les filles au quai de Rotoava pour prendre leur vol vers Tahiti, après un retour au près mémorable (cf photos plus haut). Petite soirée tranquille avant de repartir vers l’ouest.

9 Responses

  1. Marchand

    Encore le paradis
    Mais pour en profiter beaucoup de travail non?
    Amitiés
    Jean-Louis

  2. Jean-pierre Roux Levrat

    Pas facile et dangereux les atolls qui sont de véritables mer intérieure sans beaucoup d’abris pour les bateaux. Mais quelle beauté. Les coraux semblent en bonne santé. Bravo aux kitesurfeuses ( elles assurent).

  3. Louis-Bernard

    Ces lieux de rêve, sont réalités pour vous ! Vous avez bien raison d’en profitez !

    • Spica

      Would be glad to meet you here. Just decide, you may be less than 2 months from there!

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