Tuamotu : Toau

Classé dans : Pacifique, Polynésie | 6

Ce petit atoll nous laissera un souvenir inoubliable, avec un coup de cœur absolu pour l’anse Amyot. A tel point qu’on s’y arrêtera une deuxième fois sur la route d’Apataki.

Les 40 milles de Fakarava à l’anse Amyot sont avalés à toute vitesse avec un vent d’est de 15 à 20 nœuds, sous le soleil, sur une mer agitée bleu nuit. L’équipage est confortablement installé dans les sièges de barre, excellent antidote contre le mal de mer. L’anse Amyot ne se dévoile que quand on est juste devant, affalage rapide requis! Malgré les brisants de part et d’autre de l’entrée, on entre sans aucune difficulté grâce à l’alignement matérialisé par deux balises en retrait et les perches d’entrée verte et rouge.

C’est un véritable émerveillement devant cette toute petite anse d’eau turquoise frangée d’écume, entièrement fermée par de vastes étendues de corail affleurant.

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C’est une fausse passe, qui semble donner accès au lagon, mais qui ne laisse passer que des bateaux locaux par des chenaux tortueux dans le corail.

Les locaux les empruntent avec leurs speed-boat, pour filer sur les eaux calmes du lagon jusqu’à la passe d’Otugi, et affronter 20 milles de haute mer pour aller vendre coprah, poissons et langoustes à Fakarava. 6 bouées ont été installées (en cours de remplacement par des bouées posées par le pays) et on s’amarre à l’une d’elle.

Seul le motu du nord, Matarina, est habité (Matarina signifie : “qui balaie l’horizon avec les yeux”, bonne pratique pour entrer dans la passe, en particulier avant qu’elle soit balisée).

Pendant la manœuvre, les filles ont repéré une masse sombre mouvante au milieu de la passe. Direct à l’eau : c’est un banc de milliers de sardines, qui évolue dans la passe.

Autour, c’est un festival de poissons multicolores, de loches de toutes sortes, énormes, de murènes et quelques requins pointe noire. Les coraux sont bien vivants.

On part à terre faire connaissance avec le couple maître des lieux : Valentine et Gaston sont l’âme de cette anse.

Ils accueillent les bateaux de passage dans leur fare au bord de l’eau. Une petite pension appartenant à un cousin occupe la pointe du motu.

Ils vivent principalement de la pêche de Gaston. Il a construit un parc à poisson d’où il prélève des perroquets pour leurs filets, quand il ne part pas pêcher le gros au large. La nuit, il part sur le platier ramasser des langoustes qu’il garde vivantes dans une réserve.

C’est par dizaines de kilos qu’il les vend sur commande, à Fakatava. Gaston est un travailleur infatigable, champion toutes catégories de pêche. Il propose à Michel de l’accompagner pour nettoyer le parc à poisson. Nettoyer, ça veut dire enlever toues les espèces indésirables, énormes murènes, carangues, y compris un requin dormeur qui faisait bien ses 3m, chassé tout simplement à califourchon en soulevant le grillage du parc, c’est une expérience. C’est un métier risqué, qui l’a conduit plusieurs fois aux limites, au large.

Valentine accueille les équipages et cuisine sur commande. Elle aime raconter leur parcours, la difficulté de la vie ici, qui nécessite de multiplier les activités, d’une part à terre (coprah tiré de la cocoteraie de 500 cocotiers qu’ils ont plantés), élevage, culture vivrière, et d’’autre part tiré de la mer par la pêche de Gaston. Valentine officie le dimanche dans une petite chapelle, mais le sermon, c’est tous les jours! Elle vend aussi des perles, car ils ont exploité une ferme perlière il y a quelques années.

Mais cela devenait trop lourd et incompatible avec l’activité de pêche de Gaston. Christine se laisse tenter par quelques perles semi-baroques, c’est–à-dire irrégulières, mais d’une jolie couleur. On les fera monter plus tard à Papeete.

Le jour de notre arrivée on a de la chance, Gaston a pêché une centaine de kg de langoustes qu’il doit livrer dans quelques jours à Fakarava. Il nous propose de nous en faire cuire 4 sur le barbecue, à déguster au bateau.

Avec le dernier sancerre du bord, quel festin!

Quand on sort de table, la pleine lune éclaire comme en plein jour.

Le lendemain, c’est jour de troc : une bouteille de St Amour et quelques pamplemousses contre du marlin et quelques filets de perroquets sortis du parc à la demande, aussitôt servis crus à la tahitienne, quel poisson exceptionnel.

Gaston nous explique le cycle de vie de la langouste. Tous les 2 mois, elle mue et se débarrasse de son ancienne carapace, qu’elle laisse sur le platin, complètement vide:

Elle met ensuite quelques heures à solidifier sa nouvelle peau, pendant lesquelles elle est très vulnérable.

Outre sa beauté et le plaisir de papoter avec Gaston et Valentine, l’anse Amyot est accessible à toute heure de la marée. On a donc toute latitude pour choisir son heure de départ en fonction des horaires des passes d’arrivée. Même entre les Taumotu et Tahiti, c’est un bon plan de s’arrêter là, par exemple pour éviter d’arriver à Papeete en pleine nuit.

Pour  accéder à l’intérieur du lagon de Toau, il faut emprunter la seule passe : Otugi. Elle a mauvaise réputation car elle est étroite, et surtout peu profonde, avec deux tombants symétriques de part et d’autre du seuil.

Le courant peut être fort et lever des déferlantes qui barrent toute la passe quand le vent, même faible, se heurte au courant, on a pu le vérifier le lendemain de notre arrivée, seulement 30 mn avant l’étale. C’est là que Laurent Bourgnon a disparu seul en plongée, peut-être victime de courants l’ayant entrainé au fond. La mer la plus maniable se situe côté sud, à raser le banc de sable qui prolonge la pointe.

Le sud du lagon est complètement sauvage, avec des motus séparés par de petits bras de mer, les hoas, formant ici de nombreuses petites criques qui échancrent l’intérieur du lagon.

Superbe cocoteraie exploitée pour le coprah. Pas de trop de difficultés pour mouiller mais l’eau est un peu turbide et on ne voit pas où on met l’ancre.

Le lendemain, on tente un deuxième mouillage au nord de la passe, en face de l’ancien village de Maragai, où 3 bateaux sont déjà mouillés ou sur corps-morts. On l’atteint par un chenal assez étroit mais parfaitement balisé, qui sinue entre le corail affleurant, et on ne se lasse pas des contrastes de couleurs.

Malgré plusieurs tentatives à plusieurs endroits différents, la chaine se prend sur les patates de corail verticales et il faut que Claire se mette à l’eau avec son masque pour guider la manœuvre de remontée de la chaine. On apprendra plus tard que ce mouillage, pourtant magnifique, est totalement déconseillé. Dommage!

Il y a probablement une possibilité près de la passe, après avoir traversé un haut-fond turquoise et en se faufilant entre les coraux pour atteindre le sable, mais c’est trop tard. Retour dans le sud du lagon où on remouille au même endroit, avant de repartir vers Fakarava le lendemain.

6 Responses

  1. Jean-pierre Roux Levrat

    Un goût de paradis bien agréable en cette période troublée. Bon vent. Profitez en bien. Amicalement

  2. Jean-Marc

    Décidément notre planète est incroyablement belle.
    Et Valentine et Gaston nous consolent de faire partie de l’espèce humaine.
    Cent mille bises et autant de mercis.

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