La construction de Spica a duré environ 4 mois et demi; de mi juin 2015 à sa mise à l’eau le 9 novembre, avant finitions. Comme la plupart des chantiers désormais, Outremer utilise la technique de l’infusion. Quatre moules principaux sont préparés (un pour chaque demi-coque extérieure, un pour la nacelle et les demi-coques intérieures; et un pour le pont). Dans chaque moule, on drape le tissu de verre en incluant les renforts en mousse aux endroits imposés par les calculs de structure.
L’ensemble est recouvert d’un film étanche (en vert sur la photo, ici de la partie centrale d’un Outremer 5X). On fait ensuite le vide sous le film, et les deux composants de la résine sont ainsi aspirés et viennent imprégner les tissus.
Cette technique est issue, comme souvent, de la compétition. Elle a été mise au point dans les années 80, et mise en œuvre de manière encore très artisanale par des pionniers tels que Marc Pinta pour la construction du catamaran de course Charente Maritime 2. Elle seule permettait à la fois de doser exactement la quantité de résine nécessaire (donc sans surplus de poids) et d’obtenir une excellente homogéneité de l’ensemble tissu-renfort-résine. La méthode traditionnelle consistait à imprégner à la main et à l’air libre les tissus posés dans le moule, sur lesquels on passait ensuite un rouleau destiné à éliminer les bulles d’air. L’infusion, qui limite très fortement les émanations de vapeurs dangereuses, et qui est rapide à mettre en œuvre une fois la préparation terminée, s’est donc plus récemment imposée dans la plupart des chantiers modernes. Elle autorise toutes les fantaisies possibles dans le choix et la géométrie des matériaux employés (carbone, mousse, nid d’abeille, …).
Ici, sur la demi coque de Spica encore dans son moule après polymérisation, on voit bien les renforts en fond de coque. La partie de droite qui se retrouvera dans l’eau est construite en technique monolithique (plus solide, mais plus lourd), tandis que le bordé (partie verticale de la coque, ici couchée à gauche) est en sandwich de mousse, meilleurs compromis légèreté/rigidité.
Après démoulage, il ne reste plus qu’à rapprocher les moitiés, et à coller (toujours impressionnant que les presque 14m s’alignent parfaitement, et qu’il y ait moins d’1mm d’écart entre les deux parties, qui sera ensuite compensé par apport d’une fine couche de gel coat lors de la finition).
Les cloisons structurelles (ici celle supportant les charges du mat) sont ensuite rapportées et stratifiées dans la coque vide.
Les dérives; intégrées dans leur puits, sont stratifiées à la coque. C’est une partie délicate de la construction, le puits de dérive devant être extrêmement solide pour résister à un choc, la dérive devant faire fusible.
A ce stade, on peut dire que la structure de base est terminée. Commence alors la pose des systèmes (fluides, électricité, …) et des aménagements.
Le futur carré prend forme…
…et les aménagements des cabines dans les coques. Toutes les fois que c’est possible, on utilise des matériaux légers et rigides, avec l’obsession d’une masse finale maîtrisée.
Plateau en corian sur nid d’abeille et cloison en mousse.
A ce stade, on commence à bien visualiser le plan d’aménagements…
…même si certaines pièces intriguent (ici, les futures assises du carré)
Une fois l’ensemble des aménagements, les réservoirs et les moteurs posés, il est temps de “fermer la boite” : le pont est positionné sur la coque, puis collé et stratifié, et ça commence à ressembler à un bateau.
L’équipement se poursuit par la pose de l’accastillage, des fermetures et le collage des hublots.
Quelques jours plus tard, débarrassé des protections et des divers masquages, et recouvert des couches d’antifouling qui protègent des salissures sous-marines, Spica peut prendre l’air avant de toucher l’eau.
Marchand Jean-Louis
Un projet de pros
Respect (comme disent les jeunes)