Naviguer du Marin à St Martin sans s’arrêter, c’est un peu frustrant : Dominique, St Kitts – Nevis, Statia, St Barth, ne nous rappellent que des bons souvenirs! Pour l’heure, on va essayer de ne pas rater l’avion le 28 février, après avoir conditionné Spica pour 2 mois à sec.
Marque de départ, le rocher du Diamant, haut lieu des conflits entre France et Angleterre. Le rocher, place stratégique pour contrôler le canal de St Lucia, a été occupé en 1804 par une garnison anglaise d’une centaine d’hommes. Au bout de 17 mois passés dans les conditions qu’on imagine, les anglais acceptèrent la reddition en 1805. En leur honneur, le rocher fut élevé au rang de vaisseau de guerre anglais, sous le nom de HMS Diamond Rock. Cheers!
La montagne Pelée, qui a enseveli la capitale d’alors, St Pierre, en 1902 et les pitons du Carbet dominent le nord de l’île.
Nous y croisons Britannia, le plus gros paquebot british (un peu curieusement dessiné, on dirait qu’il penche).
Les lumières de la Dominique nous accompagnent au vent pendant toute la nuit, et nous arrivons aux Saintes au petit matin.
Un bout de filet dans une hélice et une lumière fantastique nous invitent à un stop and go. Il faut dire que nous ne gardions pas un très bon souvenir des Saintes en 2007, entre les scooters pétaradant, la décharge en plein air à flanc de colline, la foule et la mauvaise tenue du mouillage. Mais là encore les choses changent : des bouées ont remplacé le mouillage, la rue principale du bourg est devenue piétonne, les premiers véhicules électriques font leur apparition … et la baie des Saintes est toujours aussi extraordinaire, tellement vaste qu’elle pouvait abriter toute la flotte française de l’amiral de Grasse (qui se fit ratatiner par les anglais dans le canal des Saintes, dans la célèbre bataille éponyme en 1782, pendant la guerre d’indépendance des Etats-Unis, 2000 morts quand même. De Grasse, à bout de munitions, tira les derniers boulets fabriqués à partir de son argenterie fondue!).
Allez, si on restait une nuit?
Après tout, il ne reste plus que 160 milles jusqu’à St Martin, et il suffit d’y arriver la veille de la mise à sec de Spica, non? C’est curieux comme l’ambiance tout à fait zen nous semble radicalement différente de la dernière fois. Pour Nico : la maison-bateau du toubib (au milieu à droite) est en rénovation, le dernier en poste a pris sa retraite…
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C’était un bon calcul, en partant le lendemain au lever du soleil, nous quittons la Soufrière dans l’après-midi, et arrivons à Montserrat au coucher du soleil. En 2007, nous avions fait le trajet Guadeloupe – Antigua les yeux rivés sur le panache du volcan de Montserrat qui venait d’exploser, détruisant la capitale, Plymouth. La route directe nous fait longer la côte sud de l’île, au ras de la zone d’exclusion qui protège plus ou moins du nuages de cendres qui sort encore du volcan. Le résultat est impressionnant, avec seulement quelques maisons rescapées sur les hauteurs de ce qui était à l’époque un centre ville dense et actif maintenant sous plusieurs mètres de lave et de cendres.
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Toute la zone a été abandonnée et interdite, une moitié de la population a émigré depuis, il a fallu reconstruire un aéroport et une nouvelle capitale de l’autre côté de l’île. Il faut avoir du sang irlandais dans les veines comme les habitants de Montserrat pour survivre dans une hostilité pareille, entre éruptions et cyclones.
De nuit maintenant, nous laissons à regret St Kitts et Nevis sous le vent, avant de s’immerger dans l’agitation furieuse de St Maarten, en pleine préparation de la Heineken Regatta. Tout y est fou, la taille et le nombre des megayachts, le tarif des marinas, les embouteillages de bateaux et de voitures. Petit rappel : l’île est partagée entre une partie française, Saint Martin, et une partie néerlandaise, Sint Maarten, où nous avons choisi de laisser Spica. Le contraste entre les deux parties est saisissant, notamment dans le lagon qui est partagé entre les deux pays, avec ses bateaux ventouses et ses épaves d’un côté, ses megayachts et son business bling bling de l’autre. Quand on passe en bateau d’un côté à l’autre, il faut faire la clearance d’entrée et de sortie propre à chaque pays. Par contre, une fois faite d’un côté, on peut visiter librement l’autre en annexe, à pied ou en voiture, très bizarre.
Heureusement, dans tout ce charivari, nous retrouvons Lydia et Martin, sur le Boreal 52 allemand Cheglia, perdus de vue depuis Cascais, pour une soirée langouste franco-italo-allemande côté français (Cheglia traduit leur attachement à un petit village italien où ils ont leurs habitudes…). Vive l’Europe!
Le lendemain, Spica quitte son élément pour 2 mois, délicatement posé sur des sacs de sable. Vivement fin avril pour la suite !
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