USA 9 : Maine – Chesapeake

Classé dans : Atlantique Nord, USA | 4

Du Maine à Chesapeake, nous voilà en mode convoyage, poursuivis par le froid et les premiers coups de vent d’automne. Partis de Portland le 17 octobre avec une température nocturne frôlant les zéro degrés, nous faisons route vers le sud, en sens inverse du trajet du mois de septembre, encouragés par le grand panneau installé sur le port de Portland.

Après un stop de nuit à l’entrée de Portsmouth (Newhampshire), la lampe torche à l’avant pour éviter les lobster pots, l’étape suivante nous amène à Marblehead, grande baie au nord de Boston, ouverte au nord-est, après avoir contourné Thatcher Island et son curieux double phare, l’un étant désarmé (comme à l’île d’Aix…).

C’est là que sont réunis tous les yachts clubs de Boston et il paraît qu’il y a des centaines de bateaux en été. Il ne reste que quelques centaines de bouées et l’affaire semble donc bien se présenter pour nous, d’autant qu’il est interdit de mouiller.

Mais le très select Boston Yatch Club nous apprend qu’elles sont toutes “decommissionned” (désarmées), la saison étant finie! Après pas mal de palabres avec le Harbourmaster,  il finit par nous trouver une place à l’entrée de la baie. Heureusement, le temps est parfaitement calme. Le ponton du Harbourmaster (sur la photo) sera démonté la semaine suivante, et il nous apprend qu’il a connu, dans sa jeunesse, la baie entièrement prise par les glaces à cette période de l’année. Il est vraiment temps de descendre. On passe la soirée au village qui est tout à fait charmant, du style bon chic bon genre, pour bostoniens fortunés.

Après une étape au près serré par 20 nœuds de suroit, sous le soleil, nous retrouvons avec plaisir Provincetown.

Mais là, rebelote, la saison est vraiment finie, la marina est fermée, les pontons sont vides et Spica est le seul bateau au mouillage.

Moyennant une sérieuse négo par téléphone pour obtenir le code de la marina, et ainsi pouvoir revenir au bateau le soir, nous pouvons enfin débarquer. A terre, il y a toujours de l’animation et on fait une grande promenade vers les marais avec un coucher de soleil et une lumière magnifique.

Le raccourci du canal de Cape Cod nous ramène dans des eaux plus abritées. Beau mouillage de midi pour déjeuner dans Pocasset Creek.

… avant de rejoindre les Elizabeth Islands dans le superbe mouillage abrité et sauvage de Hadley Harbour où nous étions passés en juin.

La fascination de Newport s’exerce une nouvelle fois : arrivée splendide sous le soleil où le 12m JI Weatherly, vainqueur de l’America’s Cup 1962, fait le show en tirant des bords.

A terre c’est une ambiance de folie ce samedi soir, où les bars et les restaurants sont pris d’assaut. Le lendemain matin visite de deux « mansions », la première, Rosecliff, où a été tourné le film Gatsby le magnifique avec Robert Redford et Mia Farrow.

Puis la villa Elms, copie du chateau d’Asnières.

Spica ne vivant pas que d’air pur et d’eau de mer, la révision des moteurs se profile depuis plusieurs semaines. Pas facile de trouver à la fois une marina qui accueille les catas et qui ne nous écarte pas trop de notre route, un concessionnaire Volvo (les moteurs étant toujours sous garantie) et une météo favorable. 24h avant un sérieux coup de suroit, toutes les conditions sont réunies à la marina de Point Judith, où Tim, responsable du SAV Volvo et Anne, dockmaster, nous réservent un accueil particulièrement convivial et professionnel dans leur petite marina familiale.

Point Judith est un vaste étendue d’eau qui rejoint la mer par un goulet étroit, juste au sud de la baie de Narraganssett. C’est une grande réserve d’aquaculture pour les palourdes et coquilles St Jacques. Moyennant une bonne demi-heure de marche à pied, on trouve par hasard au milieu des marais une institution, Matunuck, un des meilleurs Oyster Bars des USA!

Même si le temps presse pour rejoindre nos amis à Port Washington, près de l’aéroport JFK de New York, il faut nous mettre à l’abri pendant deux jours d’un sérieux coup de vent de suroit. Sur la route, on repère Fishers Island, et l’anse principale côté nord,  West Harbour. Abri parfait et mouillage de très bonne tenue, la chaîne bien tendue par les rafales qui descendent des arbres tout proches.

Petit stop à l’entrée de Port Jefferson sur Long Island, dans une lagune creusée dans les dunes pour extraire le sable qui a servi à la construction des immeubles de New York, curieux mouillage hélas très encombré de corps morts.

Retrouvaille à Port Washington avec Liliane et Jean-Pierre qui vont nous accompagner jusqu’à Chesapeake. L’environnement est résidentiel, dans la banlieue de New York, et nous permet de refaire les courses et surtout de remplir la bouteille de gaz US flambant neuve achetée à Portland (car nous sommes toujours sur la petite bouteille de secours, en mode économie depuis un mois!). Grâce aux raccords commandés sur internet que nous ont amenés nos amis dans leurs valises, la jonction est faite entre les normes US de la bouteille et française de l’installation. Fin de la saga du propane? Et bien non! Partant du principe qu’il faut régler un problème définitivement quand on a la solution sous la main, nous décidons d’acheter une petite bouteille de réserve chez le ship près du bateau, et de la faire remplir comme la première, à 50km de là. Et la, impossible, la bouteille étant en composite! Retour chez le fournisseur, et affaire à suivre!

C’est avec un peu de regret que nous passons devant New York sans nous arrêter. Sous le soleil du matin, les immeubles donnant sur l’East River scintillent, le spectacle est encore plus beau que l’après-midi où ils sont à contre-jour. Pont de Brooklyn, Statue de la Liberté, pont du Verrazzano, bye bye New York, on ne s’en lasse pas … malgré le froid cinglant.

 

   

 

 

 

Depuis plusieurs jours, les fichiers météo annoncent un sérieux coup de vent qui doit nous passer juste dessus, avec des vents prévus à 40 nœuds au suroît, puis de 50 nds de noroit au passage du front froid.

Au sud de New York, une grande baie fermée par une langue de sable forme la presqu’île de Sandy Hook. Nous prenons une bouée au port public d’Atlantic Highland, au fond de la baie, protégé partiellement par une digue ouverte de chaque côté. C’est un bon coin de pêche et des pêcheurs amateurs en train de nettoyer leur poisson nous donnent un seau de dorades juste sorties de l’eau. Le centre dépressionnaire passe exactement à l’aplomb du mouillage, avec une courte rotation au suet, juste dans l’axe du port, qui lève un beau clapot. Nous encaissons de bonnes rafales, bien accrochés à notre bouée, sur une mer blanche, puis nous essuyons une pluie torrentielle qui nous cloue toute la journée au bateau.

Le lendemain, transis par le front froid, nous prenons la navette pour partir nous promener à terre jusqu’au petit village tout au fond de la baie.

Nous sommes pile à la date anniversaire de l’ouragan Sandy qui, en 2012 a submergé toute la côte. L’eau est montée de 4 mètres en moins de deux heures et tout le village a été inondé. C’est pourquoi la plupart des maisons ont été surélevées, non pas en construisant un premier étage, mais en soulevant sur des poutrelles la maison entière et en la reposant sur des piliers.

Voilà une solution pragmatique typiquement américaine, qui évite le traumatisme d’une destruction inutile et ruineuse, telle que mise en oeuvre en Charente Maritime après Xynthia.

Le soir, retour du beau temps, avec la belle lumière qui accompagne la rotation du vent au noroit.

Une fois le bateau et le ciel rincés, on peut regarder en direction de Chesapeake. Deux options pour rejoindre Chesapeake : la première par l’extérieur en passant devant l’entrée de la rivière Delaware et en entrant par le sud dans la baie de Chesapeake, en 3 jours ; la deuxième en prenant le raccourci du canal qui fait communiquer le fond de Chesapeake  au fond de la rivière Delaware, en 2 jours. C’est cette deuxième option que nous choisissons. Partis tôt le lundi 30 octobre de Atlantic Highland, vent de travers, la côte sableuse défile à près de 10 nœuds, avec ses rangées de petits immeubles. Nuit en mer au large de d’Atlantic City, ville désormais fantôme après la faillite retentissante de ses casinos et de son immobilier construits par Trump. Au coucher du soleil, pas de lumières aux fenêtres, tout est vide, et un gigantesque mur d’images couvre toute la façade d’un immeuble vide, faisant de la publicité pour un avenir meilleur. Drôle d’impression…

Il est temps de se faire copieusement secouer à l’entrée de la rivière Delaware, par vent contre courant. Au lever du jour, prise de ris pour embouquer le canal étroit maintenu en eau profonde au milieu d’un vaste estuaire totalement envasé, dont on aperçoit à peine les rives basses inaccessibles par manque d’eau. Aucun abri tout le long de la rivière où l’on croise des gros bateaux et des barges poussées par des remorqueurs, et une centrale nucléaire construite sur une ile artificielle au milieu des marais, bref navigation monotone et sans aucun intérêt.

Le canal lui-même est bordé par des paysages campagnards et débouche sur la partie Nord de la baie de Chesapeake, au milieu des prairies et bien loin de la mer.

 

 

 

 

4 Responses

  1. Jacques Cléroux

    Bravo pour vos billets et vos commentaires très instructifs. Ceux-ci m’intéressent d’autant plus que je prépare un tour de l’Atlantique avec un retour par la cote Est des USA. Accepteriez-vous de me communiquer votre mail pour que je vous demande quelques informations complémentaires?
    D’avance, merci.
    Jacques

  2. Bernard Demay

    Bonjour , Spica
    Merci encore pour ce trop court et tres bon trajet
    Marseille LGM, il y a déjà…quelque temps.
    A bord de mandala, cata alu garcia, après avoir écumé la Med orientale pendant 4ans ,je prévois une transat l’hiver prochain, vers Brésil, puis Antilles.
    L’été, vers la côte est des us et Canada ?
    Toute info bienvenue !
    Amities Bernard

    • Spica

      Bonjour Bernard,
      excellente nouvelle! N’hésite pas à nous contacter si on peut t’être utile, par mail en permanence, ou par tel plutôt quand on est en France (avant mi avril, ou entre mi-juillet et fin octobre).
      Amitiés
      Michel

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