2 objectifs pour cette deuxième descente : 1- explorer Nantucket après un trop bref passage en 2017, contraint par la météo et 2- éviter les milliers de bateaux « libérés » par l’Independance Day le 4 juillet, date du début de leurs vacances d’été.
Du nord au sud :
– Woods Hole
Direct Portland plein sud jusqu’au canal du Cape Cod. Le bon vent de terre ne dure que la matinée, vite remplacé par du thermique de sud, puis par des brises erratiques dans la nuit, puis par du suet qui nous emmène pile poil avec le courant à l’entrée du Cape Cod Canal ce 8 juillet à 10h. La fin du descendant nous accompagne jusqu’à la sortie, au milieu d’innombrables bateaux à moteur, qui nous frôlent de tous côtés. Dans les Elisabeth Island, les mouillages que nous avions par trois fois connus déserts sont archi-saturés ! Il est temps de sortir des sentiers battus. En cherchant bien, une anse assez ouverte côté nord de la presqu’île de Penzance semble bien protégée du sud. Deux autres bateaux seulement à notre arrivée, tout seuls pour la nuit, l’instinct grégaire des navigateurs nous surprendra toujours. Cette presqu’île est à mi-chemin entre la côte sud de Rhode Island et les îles de Martha’s Vineyard et Nantucket. Côté sud, un chenal sinueux, étroit et dans un courant d’enfer permet à une multitude de ferrys, pêcheurs, voileux et motoryachts, de sortir de Buzzard Bay en face de la petite ville de Woods Hole, terminal des ferrys de Martha’s Vineyard et Nantucket.
Woods Hole abrite également le plus important centre de recherche US en biologie marine, le Woods Hole Oceanographic Institution, dépendant de l’université de Chicago, réparti dans une centaine de bâtiments et de laboratoires, autour d’une anse complètement fermée et accessible par un pont levant.
– Nantucket
L’année dernière, nous avions visité la ville et le musée de la chasse à la baleine (voir article USA 2017) mais nous restions frustrés de ne pas avoir visité le reste de l’île.
C’est la pleine saison et les ferrys se succèdent toutes les heures. Les motoryachts sont en rangs d’oignon à la marina, tellement serrés qu’ils ont à peine la place de mettre leurs pare-battage! Nous sommes fascinés, comme à St Barth, par la présence continue des plongeurs, qui gonflent des ballons pour remonter provisoirement leurs chaines emmêlées et leur permettre de quitter le quai!
Curieusement il reste des bouées disponibles pour nous, juste en face.
A terre les terrasses des cafés sont pleines. Look branché chic un peu comme à La Baule (et souvent un peu ridicule) les habitants des résidences secondaires qui se chiffrent en dizaines de millions de dollars étalent leur fortune.
Comme d’habitude, on met nos vélos pliants sur Spikette et nous voilà partis pour une longue journée découverte d’un bout à l’autre de l’île à bicyclette, sur les pistes cyclables qui longent les routes, sous un soleil de plomb et heureusement un peu de vent. Le centre de l’île est très rural, plat et sans grand intérêt. A l’extrémité est le village miniature bobo de Siasconset, avec ses petites maisons serrées les unes contre les autres, a du caractère mais ne donne pas envie d’y habiter.
A l’extrémité ouest 30 kilomètres plus loin, à Madaket Point, l’ambiance est différente : langues de sable, bras de mer, anse protégée et le bistrot centenaire de Millie’s où se retrouve un mélange cocasse d’habitués, surfeurs et les ladies excentriques.
Pour nous remettre de notre journée épuisante, diner au Club Car qui fait une cuisine inventive dans le dernier wagon de l’ancien chemin de fer.
– Mattapoisett Harbor
Retour sur le continent pour s’abriter du petit coup de vent de nord bien annoncé, dans une grande anse dont le nom indien signifie “le lieu du repos”. L’anse est presque entièrement occupée par des corps-morts mais on trouve quand même la place de mouiller. Cette cité balnéaire était très prisée des New-Yorkais et Bostoniens, et garde un aspect désuet. Grande tradition de construction navale, d’où sont sortis plus de 500 baleiniers à voile. Tout a disparu, sauf le mât du dernier, le Wanderer, qui trône comme mat de pavillon au milieu du Waterfront Shipyard Park. D’ailleurs tout le village (ou presque) est massé dans le parc pour assister au premier concert de la saison de la fanfare locale autour du kiosque à musique. Accueil par une vigoureuse interprétation de l’hymne américain qui ouvre le concert (tout les spectateurs au garde à vous la main sur le cœur tournés vers le “flag”, c’est quelque chose !).
On ne résiste pas à gouter la cuisine du Inn of Shipyard Park, la plus ancienne auberge de front de mer construit en 1799. A part ça il n’y a rien à voir !
– Block island
On ne s’en lasse pas. Le mouillage est assez vaste pour abriter tous les bateaux de passage, quelle que soit la saison (cf article USA 12 juillet 2018), mais là, il est presque plein!
– Three Miles Harbor
Où trouver en pleine saison un petit coin tranquille près de Shelter Island, à la pointe nord de Long Island? Eh bien c’est dans cet abri naturel, dont la géographie ressemble un peu à Montauk (vaste étendue d’eau avec un chenal d’accès étroit et des marinas en périphérie), que l’on trouve une place au mouillage parmi des dizaines d’autres bateaux, souvent agglutinés par grappes entre amis. Les berges sont boisées et laissent apercevoir de belles maisons. C’est à deux pas de Sag Harbor, où résidaient John Steinbeck et James Fennimore Cooper. Il faudrait avoir plus de temps pour lire ou relire nos classiques américains…
– Oyster Bay
Retour pour la 3ème fois dans la partie ouest de Oyster Bay dont la faible profondeur a épargné la colonisation massive de corps-morts, contrairement à Huntington Bay. L’endroit est parfaitement protégé de toutes parts, mais on est réveillé en pleine nuit par un bateau qui vient de déraper sur son ancre pendant l’orage. Il est venu se blottir contre nous, en soupçonnant notre mouillage d’avoir lâché, gonflé! Pas de dégâts mais une grosse frayeur, surtout pour son propriétaire, tremblant à la barre sous les rafales et la pluie battante.
– Port Washington
Comme d’habitude quand on a une échéance à respecter, une nouvelle dépression orageuse se creuse au large, avec un fort vent de sud annoncé nous incitant à différer notre dernière étape vers Chesapeake. Lors de notre dernier passage, Michel a repéré des bouées municipales jaunes, gratuites les deux premières nuits. Alors on échafaude un plan pour aller passer une journée à New York, en guise…… d’anniversaire pour Christine : annexe pour aller à terre, ½ heure de marche à pied pour rejoindre la gare, ½ heure de train de banlieue au milieu des commuters en uniforme de boulot et… nous voilà à Penn Station, en plein Manahattan, sous la canicule.
Expositions Giacometti au Guggenheim, et Klimt et Schiele à la Neue Galerie ; balades dans Central Park et à Greenwich. Quel contraste entre cette démesure urbaine et notre vie à bord ! On en revient totalement épuisés.
– Georgetown, Sassafras river Chesapeake Bay
A force de traîner, on est contraint de faire route directe jusqu’à la baie de Chesapeake où une place est réservée pour sortir le bateau à la marina de Georgetown, au fond de Sassafras River. Trois contraintes dictent l’heure de départ, pour cette étape de 236 miles : avoir le courant avec nous dans l’East River le long de Manhattan, attendre la saute au noroit pour éviter de faire la route au près en tirant des bords et remonter la Delaware avec le courant favorable! Résultat, nous quittons Port Washington sous un violent grain d’orage, vent à plus de 30 nœuds, pluie soutenue réduisant la visibilité à quelques mètres, éclairs et tonnerre. On voit à peine le haut des ponts! Heureusement, le ciel se dégage à l’approche de l’immeuble de l’ONU et on peut profiter à nouveau du spectacle du pont de Brooklyn et de la skyline du sud de Manhattan. Dernière révérence à la statue de la liberté avant de franchir le pont du Verrazzano. Petit stop dîner au mouillage à Sandy Hook, où la renverse du vent arrive comme prévu à la minute près, nous sommes toujours bluffés par la précision des prévisions à court terme (48 h). Vent faible portant le long de la côte rectiligne au large d’Atlantique City. La nuit, entrée de la rivière Delaware à la renverse du courant. Cette remontée est encore plus impressionnante de nuit que de jour du fait de l’étroitesse du chenal par endroits : on frôle des cargos de 330 mètres de long et on évite les barges qui tournent en rond (pourquoi? mystère). En haut de la Delaware, après la centrale nucléaire de Salem, on quitte la rivière pour emprunter, sur la gauche, le canal Delaware – Chesapeake au soleil levant, rattrapés par 4 navires militaires qui se suivent de près comme des canards (et imitent tous leur leader, complètement dépalé par le courant à l’entrée du canal, ah l’armée…) On retrouve le paysage champêtre qu’on a découvert en octobre dernier. Il n’y a plus qu’à reprendre des forces au mouillage dans Sassafras River. Après déjeuner, on rejoint la marina, où il règne une ambiance familiale, pour mettre Spica à sec le lendemain.
Fin de la saison 5, en espérant que les cyclones auront le bon goût d’éviter le nord du Maryland, d’ici notre retour fin octobre.
Martine Ruel
Merci de nous avoir fait partager ce voyage merveilleux
Rentrez vite ca commence a être long
Quell belle vie…On peut dire que vous vous êtes bien trouvés les petits loulous…