Taha’a, l’île Vanille.
Taha’a occupe une place centrale dans l’archipel des îles Sous-le-Vent. Située au nord de Raiatea, dans le même lagon, on passe de l’une à l’autre à l’abri de la houle et de la mer du large. D’ailleurs il n’y a pas d’aéroport à Taha’a et les touristes arrivent en bateau-taxi. Entre les deux îles, il y a de grands bancs de sable bordés de corail avec des chenaux bien balisés, sillonnés par les bateaux rapides et les voiliers.
Le lagon de Taha’a est entièrement navigable et de ses différentes côtes on voit au nord Bora Bora, à l’est Huahine et au sud, juste à côté, Raiatea. Le récif du côté nord est bordé de nombreux motus. A terre, on retrouve les paysages volcaniques luxuriants et quelques petits villages épars. Sa côte sud est entaillée de plusieurs grandes baies, trop profondes pour pouvoir mouiller.
Nous y faisons plusieurs séjours entre Bora Bora et Huahine.
La belle baie d’Apu est ouverte au sud, juste en face de Raiatea : une ferme perlière a installé quelques bouées bien pratiques à la pointe de la baie, où on peut s’amarrer pour une nuit.
Un ponton public permet de descendre à terre, ce qui est rare.
L’arrière face au soleil couchant, c’est l’occasion d’une digression sur les couchers de soleil polynésiens, ou plutôt sur la demi-heure qui les suit. On est tous fascinés par la variété des couleurs qui apparaissent dans le ciel.
La protection du mouillage de l’alizé est parfaite, et le village à terre caractéristique des hameaux polynésiens : très propre et bien fleuri, partout des chiens assoupis au milieu de la route, un « Ia Orana » (bonjour) qui surgit derrière une haie, des familles attablées pour le repas dominical.
A la pointe, devant Raiatea, un motu artificiel engage le combat contre la mer.
En longeant la côte sud-ouest, on remarque une splendide cocoteraie puis une petite plage sous la verdure : c’est la plage « Joe Dassin », du nom du chanteur qui avait acquis une propriété au bord de l’eau avant sa mort à Papeete. Bon ce n’est pas le lieu de rêve auquel s’attendre, à part pour prendre un verre au soleil couchant devant Bora.
La passe de Tiva est presqu’en face de la baie d’Hurepiti. Elle est bien balisée (mais pas très facile à voir venant du large, d’où on ne voit qu’une ligne de déferlantes avant d’être pile dans l’axe). La belle église de Tiva peut servir à la repérer. C’est la passe la plus pratique pour revenir de Bora Bora.
Comme souvent, une immense vallée creuse l’île en face de la passe, l’eau descendant des montagnes se déversant au plus court dans la mer, et empêchant le corail de pousser. C’est la baie d’Hurepiti.
Sylvain, du bateau Oxygen, nous a recommandé le Vanilla Tour pour la découverte de l’île, et c’est une excellente idée. En réservant le tour, on bénéficie de l’un des 3 corps morts mis en place par Noé. Noé Plantier est le petit fils de Guy Plantier, créateur dans les années 80 d’un des premiers rallyes, la transat des Alizés. Son père Alain est arrivé à Taha’a en bateau, s’est installé sur un magnifique terrain au bord de l’eau, et y a créé la société Vanilla Tours. Noé, né dans l’île, vient de reprendre la société après quelques années en France comme ingénieur aéronautique! L’amour de l’île et une passion pour la botanique ont été plus forts.
Après avoir déjoué quelques pièges sous forme de bancs de corail barrant la moitié de la baie, on arrive au mouillage qui nous attend, parmi les 3 bouées mises en place et maintenues par Noé.
On adore ce passage brutal du grand large à l’ambiance lac de montagne.
Taha’a est surnommée « l’île vanille » pour la qualité et l’importance de sa production, 80 % de la vanille polynésienne.
Contrairement aux techniques de La Réunion où les gousses vertes sont cueillies vertes, ébouillantées et séchées, ici, après fécondation, les gousses sont cueillies à maturité avant d’être longuement séchées au soleil. 200 familles en vivent, et livrent leur récolte à 7 transformateurs. Compte tenu du caractère artisanal des exploitations, la récolte vaut de l’or, et les vols sont de plus en plus nombreux.
Deux distilleries produisent un rhum agricole très correct. Pari Pari distille localement, Mana’o envoyant le jus de canne à Tahiti et Moorea. En fait, si la culture de la canne à sucre à Taha’a est très ancienne, sa transformation en rhum est récente, s’inspirant des techniques de distillation du rhum antillais.
Tour de l’île sur les 70 km d’une route excellente. On monte en 4×4 par la seule piste; un peu défoncée, au centre de l’île.
Elle aboutit à un col donnant sur les baies d’Haamenu et d’Hurepiti, de chaque côté de l’île.
Noé nous prépare un plateau végétal de fruits de l’île, pamplemousse, papaye, carambole, goyave : beau et bon.
A chaque arrêt, puis dans sa propriété, on a droit à un cours de botanique sur des plantes pour certaines inconnues de l’équipage.
En repartant le lendemain, on longe de belles propriétés tout au long du trait de côte.
La ferme perlière Ia Orana Pearl Farm, dans la petite baie de Vaiorea, porte bien son nom (bonjour en tahitien).
La ferme est construite sur l’eau, face à Bora Bora.
L’essentiel des 100 ha de la concession se situe de l’autre côté du chenal, le restant servant à élever les jeunes huitres et à stocker temporairement les huitres greffées. Contrairement à ce qu’on a vu aux Tuamotu, l’élevage se fait à faible profondeur (2m), ce paramètre influant directement, selon les exploitants, sur la brillance de la perle. Comme toutes, la ferme est construite sur pilotis, quelques racks de stockage, le local de greffe et un petit magasin servant aussi au montage.
Du fait des circonstances, nous allons tisser des liens étroits avec ses propriétaires. La première fois que nous arrivons en milieu d’après-midi, nous sommes accueillis par Vei, qui vient avec sa plate pour nous amarrer Spica à sa bouée. Comme c’est l’anniversaire de Jean-Pierre, elle entonne direct un Happy Birthday tonitruant! Les explications sur la production de perles sont très détaillées et, pour la première fois, nous assistons à la greffe, habituellement tenue secrète, qui est une opération quasi chirurgicale. On a peine à croire que Winston, le greffeur, traite 500 coquilles par jour, en retient 300 pour la greffe, avec un taux d’échec de 1 huitre par jour!
Lors de notre deuxième visite avec nos amis Caroline et Philippe, 15 jours plus tard, nous assistons impuissants à la destruction d’une partie de la ferme perlière : juste avant le coucher du soleil, un mégayacht de 60 mètres, en cherchant à mouiller en face de Bora Bora, pénètre dans la ferme perlière, pourtant parfaitement balisée par de petites bouées. Malgré nos nombreux appels en VHF et la réaction rapide des propriétaires de la ferme, la perte est évaluée à 90 000 huitres greffées! Comment un professionnel peut-il commettre pareille bourde?…
Il serait trop long de raconter comment, moyennant la voiture d’un journaliste qui n’avait rien à voir avec l’affaire, nous nous sommes retrouvés par hasard au restaurant avec le propriétaire de la ferme, Philippe, qui gérait la crise en direct avec son fils. Nous les avons assurés de notre témoignage si nécessaire, et nous avons longuement échangé avec Philippe sur ses multiples métiers. Nous repartirons le lendemain avec un cadeau précieux, un sac de korori (le muscle de l’huitre perlière, sorte de coquille St Jacques croquante). C’est délicieux en carpaccio, sans faire l’unanimité chez nos invités, il faut l’avouer.
Quatrième stop pour une pause déjeuner devant le motu Tau Tau, où est installé un hôtel de luxe. De l’autre côté du motu, le célèbre jardin de corail est victime de son succès : on se racle le ventre sur des patates à fleur d’eau au milieu de dizaines de touristes piétinant les coraux! A éviter, il y a bien mieux ailleurs, et désert. Mais le 3eme motu du groupe, sur arrière-plan de Bora, est bien photogénique.
Le tour de Taha’a par le nord emprunte un chenal tortueux bien balisé, avec la montagne d’un côté et les motus de l’autre. Pas de mouillage sûr de ce côté.
Par le plus grand des hasard, nous croisons la pirogue à voile de Miri et Yves, dont vous parlerons dans le post de Huahine. Ils viennent de passer quelques jours à Taha’a, et s’apprêtent à parcourir les 20 milles du retour contre 3 m de houle et 20 nds de vent, courageux… Cela démontre une fois de plus les immenses qualités de marins des polynésiens.
Côté ouest le récif est bordé par un immense banc de sable au nord du motu Cérant, juste à côté de la passe Toahotu (son vrai nom est «ile Mahaea », mais tout le monde l’appelle du nom de son propriétaire). Ce mouillage passe pour un des plus beaux de la Polynésie, pas certain mais c’est quand même magnifique : devant, le récif avec Huahine en fond d’écran, à droite le petit motu, autour le bleu turquoise et derrière la montagne et la baie de Faah’a.
Derriére la passe et devant Raiatea au loin, la mer bute contre l’arrondi du lagon.
A notre première arrivée en venant de Huahine, on a la surprise de trouver un bateau jury dans la passe. C’est la Tahiti Pearl Regata qui rassemble une soixantaine de voiliers à partir de Taha’a, à laquelle Alain Plantier nous avait proposé de participer. Pour une fois nous voyons d’autres bateaux que les charters et bateaux de voyage. A nos séjours suivants, nous sommes seulement 3 ou 4 bateaux et le calme retrouvé.
Ce mouillage est particulièrement bien situé à côté de la passe pour relier Huahine, le plus souvent au près, à tirer des bords contre l’alizé d’est.
JP Roux-levrat
Ia orana..
Quelle ile délicieuse que celle de Tahaa . Vanille et perles ,vous l’évoquez très bien .Tristesse pour la ferme perlière. Amicalement et bon vent.
Marchand
Nous fait toujours rêver
Bien agréable à regarder
Amitiés
Jean-Louis
jacques lemounier
Vous avez bien de la chance.pour nous ce n est même plus envisageable.on peut toujours rêver!
amities de nous deux;
jaques et suzon.
Crepel
Que de souvenirs vous faites remonter !!
15 ans déjà…
Avec la différence que le temps était compté et que nous avons parcouru toutes ses îles sans pouvoir y rester très longtemps ; Taha, Huahiné et Maupiti …
Merci pour toutes ces photos et le récits de vos découvertes . Je voyage avec vous…
Amitiés
Spica
Il est vrai que le temps est un paramètre essentiel en bateau si on veut bien comprendre les pays qui nous accueillent. La semaine est une bonne unité…
Jimmy Cornell
Chère Christine, cher Michel,
Je tiens à vous féliciter pour la poursuite de votre voyage illustré par de si belles photos. J’ai essayé de vous contacter mais vous n’avez pas répondu à mon dernier courriel. Merci de me communiquer une adresse où je peux vous recontacter.
Votre vieil ami,
Jimmy
Bodinier
Coucou tous les deux!!
Merci pour ces belles photos !!
On vous embrasse
Daniel et Marie-france