Australes : Raivavae

Classé dans : Pacifique, Polynésie | 3

Décembre 2023

Nous publions une série de 3 posts consacrés aux Australes. Cet archipel est situé à l’extrême sud de la Polynésie, entre 400 et 700 milles de Tahiti. Etendu du sud-est au nord-ouest sur 550 milles, il comprend 5 îles principales : Rapa, Raivavae, Tupuai, Rurutu et Rimatara.

Nous sommes aux alentours du 25° sud, l’archipel ayant donc un climat très différent du reste de la Polynésie, très exposé au train des dépressions des 40ièmes, avec leur lot de coup de vent, de houle et de froid. Nous sommes d’ailleurs à la limite sud de pousse des cocotiers. Peu de bateaux fréquentent ces coins, d’autant que les mouillages sont souvent précaires, avec des lagons très sommaires, et pour certaines pas de lagon du tout.

C’est pourquoi nous avons pris la décision de laisser Spica en bonnes mains à Raiatea; et rejoint Raivavae par avion. La desserte des iles entre elles est très limitée, et c’est un casse-tête de visiter un maximum d’îles en un temps donné sans repasser par Papeete (en 2022, nous n’avions pas réussi). Sur 3 semaines, nous avons pu visiter, dans cet ordre, Raivavae, Tupuai et Rurutu, au prix de durées de séjour parfois mal optimisées.

Raivavae

Quelques infos sur l’île: Raivavae est distante de 630 kms au sud de Tahiti, entre Tubuai et Rapa. Elle fait 16 km2, avec une chaîne de montagnes volcaniques qui culmine au mont Hiro à 437 m. Quelques petits villages sur la route de ceinture pour une population d’environ 950 habitants. Le lagon est splendide cerné par plusieurs motus superbes, qui vaut à Raivavae le surnom de « perle des Australes », comparée à Bora Bora ou Maupiti. L’agriculture est l’une des ressources principales avec le tourisme. Mais il n’y a pas de débouché en raison de l’éloignement, de la température et de l’absence de volonté politique. Le protestantisme est le culte principal et ce sont les paroisses qui organisent les activités pour sortir la population d’une torpeur manifeste. Car comme ailleurs, l’obésité est un fléau. Par le renouveau du festival des Australes, ils essaient de relancer les liens anciens avec les autres îles. La construction de l’aéroport en 2002, par une piste construite sur le lagon, a permis de sortir l’île de son isolement. Sinon l’île est ravitaillée par cargo tous les 10 jours. L’île est donc restée dans son jus.

Accueillis par Eléonore avec de magnifiques colliers de fleurs parfumées, nous voici à Raivavae. Après avoir longtemps vécu en Californie, Eleonore est rentrée au pays, en faisant bonne figure sur les publicités du tourisme en Polynésie.

Elle tient l’une des rares pensions de l’île. Elle nos installe dans un petit bungalow tout confort face au lagon.

Eléonore profite de ce samedi ensoleillé pour nous amener au motu.


Première étape au “motu piscine”, où petit lagon s’est creusé dans la barrière de corail, prolongé d’une langue de sable fin : un camaïeu de turquoise et jaune paille, bordé d’aitos (les filaos, bois de fer en Polynésie).

Ensuite, transfert et déjeuner au motu Rani.

Festin préparé par Eléonore dans la plus pure tradition polynésienne : poissons du lagon et du large; thon cru au lait de coco, perroquets, thon, espadon, saumon des dieux grillés, légumes racines accompagnés de pain coco, fruits à volonté, Hinano et eau de coco pour se désaltérer.

Le séjour au motu est un incontournable pour les familles polynésiennes, en principe le week-end. Sieste, kayak et, cerise sur le gâteau : un poulpe qu’Eleonore attrape au fond d’un trou et ramène triomphalement pour le diner!

Après le samedi au motu, c’est le dimanche à la messe, lieu de communion pour les fidèles et de sociabilité dans le beau temple qui jouxte la pension.

Les femmes, assises aux premiers rangs, endimanchées et coiffées de couronnes de fleurs fraîches, toutes aussi belles les unes que les autres, les hommes derrière et les musiciens au milieu.

Bien sûr on n’a rien compris car le prêche était en tahitien ou en langue australe. Chansons polyphoniques rythmées par les percussions et les ukuleles, ça swingue à l’église. A la fin, on serre la main de ses voisins. A la sortie Michel est décoré d’une couronne magnifique de boutons de tiare tahiti.


Une route fait le tour de l’île, avec des vues splendides sur le lagon et les motus. De très vieux aitos font de l’ombre.

On trouve partout de très vieilles pirogues en construction traditionnelle (troncs creusés, assemblages en liane pour garder de la souplesse dans la houle).

Près du village, un seul tiki est rescapé des pillages des missionnaires.

On fait le tour à vélo, puis à pied en prenant la seule transversale, interdite aux véhicules après un effondrement, bordée de champs de taros, pastèques, des bananiers, manguiers, litchis.

Près de la pension, Elvina présente des colliers de coquillages faits avec des poupous, minuscules coquillages ronds ramassés sur le récif, et des chapeaux tressés en fibre de pandanus.

On en profite pour prendre un cours de langue des Australes, où les r dont remplacés par des g! Plus loin on entend de la musique dans la salle de la mairie. C’est une répétition pour le festival des Australes, créé l’année dernière pour resserrer les liens inter-îles (dans tous les sens du terme…). Une dizaine de musiciens impulsant un rythme d’enfer, des chanteurs aux chants polyphoniques compliqués et une vingtaine de danseurs sous la direction d’une « maîtresse de ballet ». Ils s’entraînent tous les jours jusqu’en mars prochain (si on a bien compris).

La première vidéo sur les chanteurs est un peu longue, mais il faut se mettre dans l’ambiance.

Aujourd’hui le vent s’est calmé et le soleil brille. On part avec Hau, notre guide, cultivateur de son métier pour gravir le mont Hiro, sommet de l’île qui culmine à 450 mètres. Ça monte raide dans une forêt de mape (châtaigner polynésien) puis on suit la ligne de crête jusqu’au mont Hiro avec des vues époustouflantes à 360• sur le lagon et les motus. En haut notre guide nous gratifie d’un top 5 des… vieux! La descente est glissante avec des passages un peu scabreux.

Ayant tout vu à Raivavae, on reste tranquillement à la pension sur notre petite terrasse face à la mer, aux bons soins culinaires d’Eléonore. C’est une cuisinière très talentueuse, pratiquant une cuisine polynésienne traditionnelle avec tout ce qui lui tombe de frais sous la main : fruits frais, légumes, poissons de lagon et du large, poulpes, bénitiers, … Quand c’est fini, elle cueille des fleurs de son jardin pour confectionner des colliers, couronnes et bouquets de fleurs. Généreuse et joyeuse, figure des Australes, c’est une personnalité cultivée, très attachante.

3 Responses

  1. Sylvain Carpriaux

    coucou les Spica
    quelle belle idée de nous donner des idées de ballade aux Australes
    j’attends impatiemment le second volet
    amitiés et bons vents
    Oxygen

  2. Pascale et Jean

    Reportages magnifiques et photos éblouissantes. Quelle aventure ! On se sent vraiment au bout du monde et le dépaysement complet. Merci pour tout cela qui nous donne l’impression d’être au milieu du pacifique.
    En France l’hiver approche avec des pluies presque tropicales mais une température locale.
    Amitiés à vous deux.

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